La perte d'autonomie entame-t-elle l'estime de soi ?
La maladie ou le handicap, transforme l'image que l'on a de soi. Un proche qui perd son autonomie traverse immanquablement une crise d'identité. L'image qu'il a de lui-même se dégrade. Il ressent douloureusement, le fait de ne plus pouvoir assumer seul les actes de la vie quotidienne, d'avoir besoin d'une aide, aussi bienveillante soit-elle.
Pour retrouver l'estime de soi, il est indispensable d'accepter la situation.
Quel rôle l'aidant joue-t-il dans la crise d'identité de son proche ?
Il est difficile de venir à bout de cette crise morale sans aide.
Le rôle de l'aidant dans la reconstitution de l'estime de soi est fondamental. Par ses paroles, par la manifestation de son amour, il peut et doit panser la blessure morale que traverse son proche. Seule une attitude bienveillante continue peut y contribuer.
Quelques conseils
Des gestes simples peuvent signifier au proche que malgré tout, la vie continue.
- aller chez le coiffeur, l'esthéticienne, les faire venir à domicile,
- pour une femme, quelques touches de maquillage lui permettent de penser qu'elle continue de plaire et de se plaire
- consulter les catalogues de vente par correspondance, faire quelques achats de vêtements … bref, susciter le désir, mettre le corps en valeur est une technique éprouvée pour reconstituer un moral défaillant
Conserver l'estime de soi dans la relation aidant - aidé ?
L'aidant lui aussi doit faire le deuil du proche « d'avant ». Lui aussi va devoir passer par une étape où il devra accepter et respecter la personne nouvelle qu'il a devant lui. Il devra accepter que le choix de venir en aide à un proche a des conséquences sur sa propre vie.
L'aide apportée par l'aidant ne sera efficace que s'il surmonte, lui aussi, la crise morale née de la perte d'autonomie de son proche. Si un aidant s'engage dans une relation d'aide sans avoir conscience que sa propre vie va en être transformée, alors il court au devant d'une crise. L'estime de soi s'altère à très court terme, si l'aidant n'arrive pas à mettre ses principes en application, s'il s'aperçoit que son rôle lui coûte trop.
Trouver de nouvelles satisfactions dans la relation d'aide ?
Si la relation d'aide engendre une souffrance forte chez l'aidant, le proche aidé s'en apercevra immanquablement.
Le proche aidé se culpabilisera de la douleur qu'il provoque et peut sombrer dans la dépression.
Une bonne estime de soi de l'aidant est indispensable à la bonne exécution des taches qu'il s'est fixé.
Cette estime de soi ne peut provenir que si l'aide apportée résulte d'un choix délibéré. C'est le choix et non la contrainte qui permettra à l'aidant d'accepter de donner de votre temps, d'être stressé, fatigué, de devoir renoncer parfois à certaines choses.
Quelques conseils pour l'aidant
- disposer de moments pour soi, préserver son intimité, la sienne mais aussi celle de votre proche. L'abnégation totale n'est pas souhaitable, car elle engendre des frustrations douloureuses pour vous-même comme pour le proche.
- exprimer son opinion même si on la sait dérangeante et savoir dire non à ce qui ne vous convient pas.
- n'hésitez pas à solliciter les soignants qui interviennent dans le suivi de votre proche. Ils pourront vous guider et vous aider.
Dans la situation que vous vivez, il faut que l'aidant et l'aidé élaborent progressivement des règles de vivre ensemble.