« Enfant-parent » : un cap à apprivoiser

10 juin 2011

S'occuper de son parent dépendant modifie en profondeur les relations familiales. Vous pouvez avoir le sentiment de devenir le parent de votre propre parent dépendant. Une étape nouvelle de votre relation se met en place. Comment prendre la distance nécessaire pour vivre cette situation avec sérénité ?

Une relation nouvelle

Plus le degré de prise en charge est élevé, plus le sentiment de devenir le parent de son propre parent est présent. La dépendance vous donne l'impression d'un « retour en enfance et qu'il y a une inversion des rôles parent enfant. C'est une situation difficile qui nécessite de prendre du recul.

Un idéal à relativiser

Cette inversion des rôles signifie une inversion des dépendances. Aux enfants de prendre en charge le devenir de leurs parents. Vous devez apprendre à apprivoiser une nouvelle image de votre proche car celle du parent protecteur s'estompe. Ce travail de deuil se met en place au fil du temps et à mesure que vous prenez conscience de la rupture d'autonomie de votre proche. Vous ne perdez pas votre mère ou père pour autant : il faut composer avec la vieillesse ou la maladie.

Maintenir une relation respectueuse

Il est parfois délicat de conserver son identité d'enfant quand on doit accomplir des gestes intimes corporels comme la toilette ou les soins. Un sentiment de non-respect de son parent, de commettre une « infraction », de l'humilier en pénétrant sa sphère personnelle peut naître. Les services d'aide à domicile sont alors d'un grand secours puisque la neutralité du professionnel contribue à mettre une distance respectueuse entre vous et votre parent et à préserver la relation filiale. Pour d'autres, cette évolution se fait plus facilement, car le sens du devoir prime : ils rendent à leur parent les attentions reçues depuis leur enfance.

Aidant mais pas éducateur

Vous pouvez avoir l'impression de vous retrouver dans une position d'"éducateur". Rappelez-vous que votre parent n'a pas besoin d'être éduqué ni de grandir mais simplement d'être épaulé et aimé. Il faut à la fois prendre du recul - comme un professionnel - et ne pas céder à la culpabilité.

Conserver sa place

Pour conserver sa place et ne pas devenir le parent de son parent, il faut s'appuyer sur son entourage et autant que possible sur des professionnels. Votre rôle est aussi l'affaire de tout un réseau qui doit s'organiser comme une chaîne de vie avec les auxiliaires de vie, les médecins, les petits-enfants, les amis et voisins… Chaque visite, chaque moment de convivialité vous aide à prendre de la distance et à conserver un lien filial fort sans pour autant que vous vous retrouviez à une place que vous ne souhaitez pas.