« A plusieurs reprises, j’ai pris la décision d’hospitaliser en urgence un aidant ou une aidante, en raison d’un cancer déjà très développé. A chaque fois, ces aidants avaient repoussé les bilans et examens, mis de côté leur propre santé pour pouvoir être à 100 % auprès de leur proche fragilisé. Or, ils sont tombés malades dans cette période et ont eu le diagnostic trop tard pour pouvoir être soignés correctement. »
Le témoignage de ce médecin exerçant dans le secteur hospitalier est éloquent. Il confirme que de nombreux aidants ne prennent pas au sérieux leur propre santé et remettent toujours ce sujet à plus tard. Or, prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de son proche. De plus, comment prendre soin de son proche si on n’est plus là ?
Rôle essentiel
Il faut rappeler que de nombreuses responsabilités pèsent sur les épaules des aidants : écouter, soutenir, se renseigner sur la pathologie du proche aidé, sur les traitements, faire intervenir les professionnels à domicile, accompagner aux rendez-vous médicaux, rassurer… Les missions de l’aidant sont multiples et essentielles. Bien sûr, elles peuvent remplir les journées et conduire ce dernier à reporter ce qui le concerne directement.
Signaux d’alerte
Cependant, le bien-être et la santé des aidants sont des éléments cruciaux pour l’aidant pour comme pour l’aidé. Véritables signaux d’alerte, les points suivants doivent alerter : souffrance physique ; baisse de l’état de santé général (perte ou prise de poids, moins de soin apporté au corps, difficulté à entendre ou voir, modification dans les capacités à se déplacer) ; souffrance psychique (tristesse, anxiété, découragement, perte de plaisir et d’envie, baisse de l’estime de soi, repli sur soi, sentiment d’impuissance, de culpabilité, de honte) ; diminution des activités sociales ; difficulté à aller consulter un médecin, etc. Si l’aidant ou son entourage reconnait un ou plusieurs de ces signaux d’alerte, il est urgent de se faire aider.
Professionnels de santé
Dans ce contexte, il faut savoir s’entourer de professionnels de santé et poser les questions aux personnes susceptibles de proposer des solutions aux aidants. En échangeant par exemple avec le CLIC ou le CCAS, de premières réponses peuvent émerger. Par ailleurs, il est utile de s’identifier auprès du personnel médical qui accompagne son proche, d’informer son médecin traitant de son rôle d’aidant, de réaliser régulièrement un bilan de santé, de partager sa situation dans un groupe de parole ou sur une ligne d’écoute. Enfin, avoir une alimentation équilibrée et envisager des solutions de répit pour pratiquer une activité physique sont aussi de bonnes pistes pour contribuer à un maintien en bonne santé.